Je t'aime, un peu, beaucoup... Gouzou!
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"Petit bonhomme facétieux, moqueur, espiègle, engagé des fois, romantique... tout moi, quoi !"
Voilà qui ressemble fort à une phrase d'accroche sur un site de rencontres... Mais non, il s'agit tout simplement de la description que Jace fait de son désormais célèbre Gouzou, au cours d'une interview diffusée sur une chaîne de télé réunionnaise. Pour sa quatrième exposition solo à la Galerie Mathgoth, l’artiste dessine l’Amour… dans presque tous ses états. Jace graffe depuis 1989, est né au Havre il y a une quarantaine d’années et demeure et travaille sur l’île de la Réunion où il s’est installé il y a 35 ans. A contre-courant du graffiti de ses débuts, qui à l’époque était un mouvement bien plus « testostéroné » qu’il ne l’est aujourd’hui, dès 1992 il pose un peu partout dans le monde sa mascotte au graphisme épuré pour faire passer des messages simples et efficaces. Si sa portée se veut universelle, pour son géniteur humour et amour ont toujours fait bon ménage. Nous sommes donc pleinement dans le thème de cette exposition mettant en scène son personnage fétiche en proie aux péripéties de Cupidon. En s’immisçant avec malice dans le tissu des villes, quel que soit le support Jace met un point d’honneur à peindre systématiquement son Gouzou dans des mises en situation différentes, en fonction de l’inspiration du moment ou du contexte. C’est une opération-séduction sur le long terme : impossible de tomber dans la routine ou l’ennui, puisque chaque fresque est unique… et cela fait 25 ans que cela dure. C’est dire l’inépuisable imagination de l’artiste qui parvient dans cette nouvelle exposition à nous surprendre sur un sujet aussi éculé, au travers d’une quarantaine d’œuvres aux formats et supports variés. Petit par la taille et grand par sa capacité à se réinventer à l’infini, le Gouzou défie les lois mêmes de l’éphémère intrinsèque à l’activisme vandale : sitôt effacé, sitôt recréé, son caractère furtif fait sa force. Jace croque des histoires sans parole qui veulent dire beaucoup avec un tracé qui marque les esprits. Au même titre que les Space Invaders, le Gouzou est propice à la pulsion de collection, sa propagation générant des groupes de fans de tous horizons. En somme, une maladie d’amour qui court dans le cœur des enfants de 7 à 77 ans… Cette spontanéité créative explique sans conteste pourquoi les toqués du Gouzou se comptent par milliers. Parce qu’il parle à tout un chacun, ce héros cartoonesque est devenu à la fois l’emblème d’une pensée décomplexée et le porte-parole d’une drôlerie engagée, sous couvert d’une apparente légèreté. Produit d’une alchimie mixant entre autres les dimensions de l’image, de l’émotion et de l’intellect, le nain jaune à l’ADN créole se plaît à caricaturer in situ les dérives de l’humain dans son environnement, non sans une certaine tendresse. Si Jace admet son côté « bisounours », il se joue avec ironie des multiples facettes du rapport amoureux : addictif, électrique, labyrinthique, le cœur a ses raisons que le Gouzou adore ! Sur bois, panneaux signalétiques ou toiles de lin, des hordes de bonhommes à tête d’œuf ricochent d’une œuvre à l’autre autour du fameux symbole cardioïde rouge utilisé depuis l’Antiquité pour signifier non seulement l’Amour, mais aussi la vie. Pour leur créateur ex-étudiant en sciences naturelles, l’un ne va pas sans l’autre : sur ses compositions le mot LOVE et l’émoji couleur tomate se partagent l’espace de la galerie au rythme de leurs pulsations effrénées. ------------- Infos pratiques : « Je t'aime, un peu, beaucoup... Gouzou! » Galerie MathGoth 34, rue Hélène Brion - 75013 Paris Du 8 décembre au 14 janvier 2018 Du mercredi au samedi de 14 à 19 heures Vernissage en présence de l’artiste le vendredi 8 décembre à partir de 18 heures |